Ne vous fiez pas à son blase chelou, Polyester The Saint est plus que cool, il est hellagood. Oubliez le swag des rappeurs fast food et autres hipsters beaufs, comme lui adoptez plutôt le creez. Mais attention, il ne suffit pas de piquer la garde-robe et la désinvolture de Jazz dans Le Prince de Bel Air pour s’improviser chantre de cette espèce de néo-dandysme street californien. Encore faut-il dégager naturellement une impression de facilité et une bonne humeur contagieuse. Des ondes positives que le grand échalas aux faux airs de Shawn Stockman croisé avec Puff Daddy sait retranscrire à la perfection dans sa musique. Laidback, ensoleillée et joyeuse, celle-ci semble faite pour stroll out justement, c’est-à-dire flâner, se balader. À pied, en skate ou en Chevrolet El Camino SS, peu importe, mais en prenant toujours bien le temps d’apprécier les petits plaisirs de la vie, qu’il s’agisse d’un verre de vin ou des courbes d’une PYT, peu importe là aussi. Même s’il a apparemment un peu vécu du côté de la Bay (« That’s why ya boy P say « Yee! » all day »), quelle meilleure muse que la Cité des Anges pour lui inspirer de telles promenades mélodieuses et hédonistes ? Sa face souriante du moins, cela va de soi. Polyester, c’est la rage straight outta Compton qui se serait noyée dans le triangle des bermudas en toutes saisons, quelque part entre les vieilles bâtisses de West Adams, le Forum d’Inglewood et les plages de Venice et Santa Monica.
Producteur/multi-instrumentiste/rappeur/chanteur, il a l’ADN G-funk et la polyvalence de DJ Quik, le charisme excentrique de Shock-G ou Mac Dre, la classe nu soul de Raphael Saadiq. Pas un de mes artistes préférés du moment par hasard. Et pas issu d’une famille de branques non plus. Petit-fils du Révérend James Cleveland, inventeur du gospel moderne, et neveu de Jeffrey Daniel, membre de Shalamar, il compose dès l’âge de 13 ans, suite à l’acquisition d’un clavier Yahama offert par un ami de son père, Stevie Wonder himself ! Mais ce n’est qu’en 2009, grâce à la compilation Curly Tops & Nautica Jackets, qu’il finit par sortir de l’anonymat des studios où il bossait comme ingé son. Avec L.A.U.S.D. (pour « Los Angeles Unified Sound District »), lui et L4zy Lou aident à lancer les carrières de leurs potes U-N-I, Pac Div, Overdoz, Casey Veggies et bien sûr Dom Kennedy. En parlant de ce dernier, j’en profite pour rappeler qu’il passe ce soir à La Bellevilloise :
Peace Love Unity Respect (décembre 2010), Sumethin Ta Creez To (juin 2011) et Real Deal P (mars 2012), soit un hat trick en l’espace de 16 mois : Poly ne pouvait pas mieux démarrer sa propre discographie solo. Les 3 albums sont gratuits, donc jetez-vous dessus si vous voulez goûter la quintessence de cette fresh school moins sale môme qu’Odd Future, moins hood que Nipsey Hussle, moins technique que Kendrick Lamar, moins violente que Blake Griffin sur la tête de Pau Gasol, mais tout aussi excitante et symptomatique de la récente redistribution des cartes à La La Land. La suite ? La version deluxe agrémentée de 3 bonus tracks de Real Deal P courant novembre et surtout Flannels & Gold Chains, projet commun avec Cardo, courant TBA. Ils promettent du « new age G-funk ». Je m’en pourlèche déjà les babines.
Pour le plaisir, voici son ingénieux clip précédent (elle s’appelle Mercedeh Allen, ça vous évitera de galérer sur Google) :
Quant à Jay 305, la caution ghetto pimp d’OPM, sa phase de charmeur en white tee et casquette Dodgers laisse place à un style nettement plus incisif dans le premier extrait de Young Nation Vol. 1, compile dispo depuis vendredi et servant de carte de visite au jeune label de Dom Kennedy :
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